Les contes sont une forme de mémoire collective et de médiation, transmettant des messages d’une génération à l’autre depuis très longtemps. J’ai revisité le conte de Cendrillon et interrogé le moment où, pressée par le temps, elle perd sa chaussure dans l’escalier.
Mon travail porte d’une part sur le soulier comme symbole de reconnaissance, comme trace d’identité (dans ce conte, une seule personne peut chausser le soulier parfaitement); et d’autres part sur les mutilations qu’on peut accepter pour faire partie d’un groupe (les deux belles-sœurs s’amputent soit d’une partie du talon ou du gros orteil afin de correspondre à une identité qui n’est pas la leur).Cette installation parle de la pression sociale qui s’exerce sur les femmes pour qu’elles atteignent les normes esthétiques et performatives attendues d’elles pour gravir les échelons de la société.
L’escalier est constitué d’un assemblage suggérant à la fois le patchwork et la marqueterie. Il est formé d’impressions (mokulithographie) représentant des pieds blessés par une utilisation extrême, par le port de chaussures inconfortables, par des coutumes mutilantes. Le fil (de couture ou à broder), est unificateur, réparateur, et aussi révélateur des blessures. Ici, le fragile du papier se marie avec la force du bois.
Ces va-et-vient entre techniques traditionnelles (dessin, lithographie) et contemporaines (photographie, numérique) sont ma manière de véhiculer le contenu toujours actuel d’un mythe universel et intemporel.
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